On l'appelle "la classe moyenne", elle s'est développée dans les pays industrialisés, ses vingt dernières années, mais qui est-elle, et que veut-elle?
Avec l'écroulement du mur de Berlin en 1989, et d'un certain communisme, celui de l'URSS d'antan, nos sociétés se sont retrouvées avec, apparemment, qu'un seul modèle économique possible, le capitalisme. Les partis politiques de gauche ont eu du coup, beaucoup de mal à expliquer le besoin et les bienfaits pour tous d'une société basée sur la redistribution des ressources, puisque, et même si ce n'est pas comparable, l'URSS à échouée.
C'est à cette époque là, qu'apparaissent se que l'on appellera les partis sociaux-démocrates. Dans la plupart des cas, d'anciens partis communistes ou socialistes, qui en gardant ou pas cette appellation adopteront une politique de "et/et", autrement dit , "et un peu de capitalisme", "et un peu de social". Ces mêmes partis participeront plus tard au "ni/ni", mais on y reviendra.
En adoptant la politique du "et/et", ils ne feront que continuer à faire vivre le système à la française, mis en place par le Front Populaire et le gouvernement provisoire (1944-1947)du Général De Gaule à la sortie de la guerre, par son ministre du travail Ambroise Croizat. Pas vraiment reconnu comme gauchiste notoire, De Gaulle n'a durant sa carrière, jamais songer à modifier ces acquis sociaux. Pas plus que les partis de la droite qui suivirent, maintenant disparus, tel l'UDR, le RPR etc.. ne le feront durant des décennies aux gré des alternances et des cohabitations. Cette politique va tenter de garder le capitalisme sous contrôle tout en lui lâchant un peu de lest, et en essayant de ne pas toucher aux "acquis sociaux" des français. Pour cela, ils laisseront les "partenaires sociaux", syndicats patronaux et ouvriers se débrouiller dans de âpres négociations, jalonnées parfois de grèves, mais avec presque toujours un résultat satisfaisant pour chaque négociateur.
Cette politique, va amener, il faut bien le reconnaitre, un cadre de vie tout à fait agréable pour les français. Il va permettre à beaucoup d'entre eux de sortir de la précarité. Il va développer le fameux "ascenseur social" qui permettra à nombre de gens "pauvres", de changer de classe sociale et d'entrer dans cette nouvelle catégorie que l'on nommera " la classe moyenne". ne dit-on pas en Allemagne, pour parler de l'art de vivre à la française, "Heureux comme Dieux en France". Et la vie aurait pu continuer ainsi, avec malheureusement toujours la pauvreté pour certains, plus ou moins adoucis par des aides et de l'entraide , une nouvelle " classe moyenne" ,ni riche , ni pauvre mais qui vit beaucoup mieux que ces parents, et les riches, qui eux aussi, profitent de ces petits arrangements envers le capitalisme, et qui deviennent de plus en plus riches.
Mais c'est l'élection de Nicolas Sarkozy qui va faire basculer ce fragile équilibre. Il va donner "carte blanche" à la finance et au MEDEF (syndicat patronal des grandes entreprises du CA40). Alors que tous ces prédécesseurs, de droite comme de gauche, n'avaient pas voulu laisser le libéralisme s'installer, Sarkozy déroulera le tapis rouge à la finance. Ses successeurs le suivront dans sa démarche.
Et la "classe moyenne" me direz-vous, que fait-elle pendant ce temps? Eh bien, elle s'enrichit. Chouette, me direz-vous encore, voilà une bonne nouvelle! Ben..oui et non. C'est cette autre petite partie de la population qui s'enrichit et qui va créer une autre catégorie de classe moyenne, "la haute". Ce sont des gens qui touchent individuellement (estimation tout à fait personnelle) entre 4000 et 20 000 euros par mois, qui sont persuadés qu'ils se sont fait tout seul, que ceux qui ne gagnent pas autant qu'eux sont des fainéants, que les chômeurs le veulent bien parce qu'il y a du travail partout et que la plupart des français sont des assistés...mais pas eux. En tout point le discours des ultras libéraux emmenés par Emmanuel Macron. Tellement sûr d'eux et de leur avenir, qu'ils en viennent à envisager la fin de tout le système par répartition, que ce soit la sécu ou les retraites. Ils se croient assez riches ou que leur train de vie actuel ne bougera pas ou ne pourra qu'augmenter tout au long de leur carrière. Ils ont pour la plupart, un tempérament de jeunes loups aux dents longues, qui ne peuvent imaginer que d'autres jeunes loups viendront pour prendre la place, qu'un nouveau crac viendra engloutir tous leurs placements boursiers, d'assurances retraites et maladie, comme se fut le cas pour de nombreux américains et britanniques en 2008. Quarante ans après les américains du président Ronald Reagan et de la première ministre britannique Margaret Thatcher, cette frange de la classe moyenne, fan d'Emmanuel Macron et pourfendeur de l'état providence de va pouvoir goûter aux joies du l'ultra libéralisme. Il n'en sera pas de même pour les pauvres et la classe moyenne "basse", celle-à qui en garderons surement un goût amère.
Sauf que comme la finance ne semble pas avoir tirée les conséquences des problèmes de 2008, et d'ailleurs, elle s'en moque, le prochain crac bousier ne devrait pas attendre trente ans pour se représenter. Et là, notre classe moyenne haute ira voir les riches pour leur demander de l'aide, et ces derniers leur répondront qu'ils ne peuvent rien faire, qu'ils auraient du se rappeler qu'ils était des " anciens pauvres" qui ne s'étaient pas assez vite enrichis. Pas à la hauteur, quoi!
Et ces "à nouveaux pauvres" retourneront là où ils étaient si fier d'être sorti, chez les pauvres, qu'ils ont eux-mêmes contribué à appauvrir d'avantage par leur participation à la destruction des acquis sociaux. Et, les pauvres, peut-être des "Gilet Jaune", comme l'Auvergnat de Brassens, leur "donneront le bout de pain, quand dans leur vie il fera faim" et leur rappelleront que c'était quand même bien le système par répartition.