Agriculture vs écologie
En ce mois de janvier 2024, l'agriculture française est en colère et le fait savoir en bloquant des routes dans toutes la France. Toutes les centrales syndicales sont sur les routes y compris la Confédération Paysanne, qui, même si elle n'a pas la même vision de ce que devrait être l'agriculture de nos jours et son avenir que la FNSEA, Jeunes Agriculteurs ou de la Coordination Rurale, partage leurs inquiétudes quant aux revenus, aux petites retraites, à la commercialisation de leurs produits, au mal-être qui poussent certains d'entre eux au suicide. Les revendications sont diverses mais l'une d'entre elles dressent les agriculteurs contre les écologistes. C'est une loi européenne datant de 1992 qui est la source de cette opposition, la jachère. Cette loi impose aux agriculteurs de mettre en jachère 4% de la surface cultivable de chaque exploitation afin de laisser reposer la terre et revenir la biodiversité détruite par les intrants que sont pesticides, herbicides et engrais, sous peine, en cas de non respect, d'être exclu des aides de la PAC. Seule façon d'éviter cette sanction, créer des haies, des espaces humides ou autres permettant ainsi le retour de la biodiversité. C'est là que le bas blesse et que les agriculteurs accusent les écologistes, avec ces normes, d'êtres les responsables de tous leurs malheurs permettant ainsi au pouvoir en place de faire un maximum de démagogie en expliquant que les écologistes sont à la source des problèmes de rendements des récoltes et donc des revenus de ces mêmes agriculteurs.
Pourtant il n'est nul besoin d'être écologiste ou agriculteur depuis cinq générations pour voir que le système agricole actuel est une catastrophe tant pour la nature, que pour les agriculteurs eux-mêmes et les consommateurs. Que certains "ultras" parmi les manifestants nous demandent de nous taire puisque nous sommes pas de la profession est anormal. Cela reviendrait à dire que eux, n'étant pas commerçants, ne peuvent pas comprendre les contraintes de la grande distribution et donc accepter les prix qu'on leur propose et se taire. Tel n'est pas le cas et ils ont raison. On sait dorénavant que beaucoup d'agriculteurs souffrent de maladies dues aux produits qu'ils utilisent, on sait tout autant que les rivières, les lacs, les bords de mer sont pollués par ce système, le moment n'est donc pas d'éluder la question, mais de voir ensemble comment résoudre le problème. Et même, si dans le discours certains fustigent les écologistes, ils savent très bien cette situation découle de leur manière de produire. Ils savent aussi que ce système favorisent les grandes exploitations et l’agrobusiness qui marchent main dans la main avec les différents gouvernements depuis des décennies. Pendant que ces agriculteurs bloquent les routes et que Mr Attal, le nouveau premier ministre, leur fait des promesses qu'il ne tiendra probablement pas, les députés européens de Renaissance, LR et RN votent des accords de libres échanges avec avec le Canada, Brésil, Nelle Zélande.. etc, qui font entrer des millions de tonnes de viandes et autres produits non conformes aux normes européennes à Bruxelles. Reste encore quelques accords à venir déjà annoncés avec l'Australie et la Thaïlande et sachant que le Royaume-Uni, malgré le Brexit n'est pas soumis aux droits de douanes. Ce n'est pas les normes européennes qui nuisent aux agriculteurs européens, c'est le fait que cette même Europe n'impose pas à ceux qui veulent intégrer notre marché d'en respecter, eux-aussi, les règles.
Alors, en cette année d'élections européenne, les agriculteurs peuvent continuer a pester contre les écologistes, les Insoumis, la Nupes ou ce qu'il en reste, et qui sont pourtant les seuls à voter contre ces accords sans contre parties protégeant ainsi l'agriculture française et européenne. Ils auront, comme nous tous, un choix personnel à faire ou alors suivre les consignent de la FNSEA dont les dirigeants non pas du tout les mêmes intérêts que la base, et qui les mèneront, encore une fois dans le mur.